jeudi 22 octobre 2015

Si

Si j'étais mort chez nous dans un nid de grippes et un état fini j'aurai pris la couleur disparue et la légèreté de l’éphémère.
J'aurai un cœur vivant pour rougir la pitance et des yeux grands pour miroiter le monde. J'aurai une conscience autre de l'état des choses qui volètent toujours dans ma vision pleine de papillons. J'aurai trois accents dans ma bouche sourde et un regard tendu vers le ciel couvert. Mon corps plus grand qu'une voile flotterai haut dans l'azur délicat des altitudes noires. Le cosmos me serait confortable et la voute stellaire un avant goût d'évasion. Je fumerai un calumet d'argent et j'aurai des plumes sur la tête, je serai sage d'une vieillerie. J'aurai du bonheur à ne plus respirer. Je serai défait d'obsessions et de tranquillisants, je serai vivant de la perte voulue. Volutes cramées dans un feu incendiaires, j'aurai l'épaisseur des fumeries, la lourdeur des tentures et le disloqué du cadavre émoussé, vaguement habitué au flottement des airs si tendre pour l'ancien marin que je fus et que l'équinoxe ramène dans une marée rouge. Voyageur équivoque qui n'a plus de pesanteur marquante, je m'enfuirai de tout l'espace vécu pour l'éternelle poussée qui me va et me vient et me déambule dans un temps étrange presque doux de substances musicales.

mercredi 7 octobre 2015

L'ange de la mort

L'ange de la mort, sobre comme une logique est là dans l'ombre du monde
Il est là diaphane et présent dans le concave de la savane de concombre du jardin benêt des ours crépusculaires...
Les ours vagabonds finissent le jour lourd à coup d'étonnements.
L'ange sobre, fort de la mort parait être un animal familier, à peine épais d'un souffle court.
Une cabane l'abrite sous la lune parfois : elle est verte de vertige.
Timide la glace craque sans effort dans le gel de la nuit cuite.
Livide le cadavre du sage fait sa manie sous le marbre stoïque du coin sombre. Le sage macabre des jours, macère en macaque liquide. Il dissous sa matière dans cette terre profonde et mate dans une ronde de bouillons.
L'ile illuminée de cultes noires respire l'air des oiseaux étrangers...
A cet heure le cœur meurt dans des remous venteux, ne dérangeant rien dans l’absence qui fait sa place ici...

vendredi 2 octobre 2015

Appel dans la nuit

Étoile blanche dans la sueur du monde, nuit propice aux indices lumineux, rendez-vous des cœurs dans la dimension belle.Conscience accrue d'une bonté de vivre, essence de la vision au-delà de l'horizon. Aspiration des hauteurs. Montée des forces terrestres. Lumières des vibrations. Chants des vies qui se rencontrent. Appels des détresses, enracinement des volontés. Infini des circulations

1774

« Il s'arrêta finement devant la porte. Il pris une grande respiration très lente. Il ne fit plus qu'un avec son corps chargé. Le temps s'arrêta comme il se doit quand on boit comme ça. Ce n'était plus le moment de fléchir. Il frappa alors à la porte. Un « Oui ! » surgit derrière comme un grincement fort. Machinalement, il ouvrit la porte, sans plus y penser comme un ivre mort qu'il est. Ça y est, c'est maintenant. Il fit un pas. »
Une ombre rouge comme une tomate mure prenait possession de la pièce ou un feu dans un foyer flambait de jaunes une bûche noire. Une silhouette assise sur une chaise en bois buvait une mixture dans un bol lourd et pesant qu'elle tenait d'une main squelettique et grise. L'intrus quoique rougeaud devint blême en voyant le peu de ce qu'il pouvait voir de cette silhouette si morte et si vive en simultanée.
"Bonjour" dit-il en s'appliquant à garder un son fixe à chaque syllabe de ce mot prononcé avec une joie venant de son état d’ébriété qu'entamait la vision de la silhouette couverte d'une cape noire bizarrement luisante.
L'homme entrant est chauve, bedonnant avec une belle voix, il a les yeux ronds des étonnements qui s'effacent lentement.
"Bonjour mon cher" dit une voix grave sortie de cette silhouette sans qu'il soit possible d'identifier le sexe de l'assis qui aussitôt son dire tu, replongea sa tête dans le bol. Sa tête devinée avait un nez improbable, qu'on ne voyait pas et qu'on ne voulait pas voir. L'ombre rouge venait de ce spectre. Il a des lèvres minces sans doutes noires par trop d'ombres ou parce que noires elles sont.
Dehors il fait nuit et pourtant tout deux se sont dit "bonjour".
Pourquoi l'homme ivre est venu dans cette maison perdue dans un village ou la vie ne vient plus. La pièce est rustique et sent le bois qui craque.
L'homme chauve sorti d'une poche de son pantalon mort, un vieux jean inusable, une feuille petite et marron comme un vieux papier moisi par le temps. Il dit une date inscrite dessus "1774".
La silhouette sembla prêtait attention à cette parole de chiffres. Quelque chose craqua de ses mâchoires, peut-être une viande calée dans sa bouche depuis des jours et qui se rappelait à ce moment dans cette nuit entamée. Il continua à boire dans son bol quelque chose de gluant.
L'ombre de ce lieu est profonde. La silhouette a l'air d'avoir de long cheveux ou quelque chose de vivant sur la tête.
L'homme debout dans sa chemise rouge qui là a un teint bordeaux dans les ténèbres du coin dit " Je vous aie longtemps maudit", cela exprimé avec une note de regret et d' une lenteur d'une pensée longuement ruminée. La silhouette devint immobile, presque morte sans respiration. De sa voix grave, elle dit " Je ne vous avez jamais vu", il n'y avait aucune intonation particulière. L'homme debout semblait vaciller, sans doute l'alcool perdait de sa force d'effets, l'homme recula sans demander son reste comme lucide humainement face à ce fantôme qui vit ici. Il avait laissé la porte ouverte et put à reculons toujours se retrouver dehors et tandis que sa main tremblante rangeait le papier sorti, il baissa la tête et des pleurs lui vinrent comme un jaillissement, dehors la lune était douce, l'homme pleurait avec un peu de lumière qui lui donnait du gris dans la face. Il eut la force de fermer la porte, alors un rire puissant, jeune et grandiose vibra derrière la porte comme une jouissance splendide, une joie de vivre inouïe. L'homme dehors s'effaça en même temps que ses larmes...

Double rencontre

Ce matin j'ai vu Christine à l'arrêt d'un bus dans une allée arborée.
Avant-hier j'ai vu Christine, une autre dans une avenue, avenue pourrie de voitures filantes, elle était avec son mari, un peu Poutine mais plus petit et plus doux d'aspect. Elle m'a vue mais n'a rien dit , elle m'a snobée mais elle est comme ça, sans méchancetés ni intelligences. Elle devait se rendre pressée dans un cinéma qui trône pas loin comme un appel au vice, un vice léger et âpre comme un mauvais film peut faire en sensation. Je me rendais à une réunion dans un immeuble connu pour parler et écouter sur les livres. Je filais doux comme quelqu'un de décidé et de tranquille et que le soir charme dans la ville qui s'éclaire.
Ce matin la Christine que j'ai vu vit dans la rue, elle m'a vue l'avoir vu, nous avons parlé, elle attendait un bus mais qu'elle n'a pas prise, elle m'a dit qu'elle va se rendre dans un espace. Sans doute quelque part loin de tout ceci, dans un vague à l'âme précis comme les naufrages en donnent dans les cœurs naviguant. Elle dort dans la rue, c'est à dire peu et exposée. Elle est rebelle. Elle dit que sa vie comme ça va pas durer et qu'elle plaint les gens qu'elle côtoie qui eux sont là pour beaucoup, beaucoup de temps. Elle ne se voit pas comme installée dans cette vie de rue, c'est sa manière de résister. Sa dignité est dans son errance, le bus est arrivée, elle ne l'a pas pris, comme quoi elle attend autre chose qu'un bus ou un bus du soir, alors que le matin traîne son humeur badine dans les couleurs de la rue. Je la laisse, elle attend.
L'autre Christine est réservée, avec un certain mal être qui l'interroge de pleurs. Elle est déçue, fermée de cela, pourtant son allure est élégante, séductrice, ambivalence d'une manière. Les Christine sont tristes, sans crises mais filent dans une dureté qui ne sont pas d'elles mais d'un rapport avec le monde qui va bas, qui ne va pas. Je suis mes pas qui vont dans l'automne.